Des contrôles plus sévères contre la Listeria

 Le Soleil, 14 janvier 2011

(Québec) Le Canada imposera des règles plus sévères à l’industrie alimentaire à compter du 1er avril pour le contrôle de la bactérie Listeria monocytogenes dans les aliments prêts-à-manger.

Une nouvelle politique remplacera celle en vigueur depuis 2004. Elle survient après deux épisodes fort dramatiques survenus en 2008.

En Ontario d’abord, 22 personnes sont mortes et une trentaine d’autres ont été malades de la listériose après avoir consommé des charcuteries contaminées. Deux mois plus tard, c’était au tour du Québec de vivre une crise lorsque deux personnes sont décédées et au moins 36 autres ont été malades après avoir consommé des fromages contaminés par la souche pulsovar 93 de la bactérie Listeria monocytogenes. Des milliers de kilogrammes de fromage avaient alors été détruits dans la plus grande controverse, occasionnant des pertes énormes aux petits fromagers en particulier.

Selon l’information transmise par écrit par Santé Canada, «de nouveaux critères de conformité pour les aliments prêts-à-manger ont été élaborés en fonction des risques qu’ils posent pour la santé et de la probabilité qu’ils contiennent des concentrations de bactéries susceptibles de causer une maladie».

Des précisions ont aussi été apportées sur l’échantillonnage, le moment où il faut avertir les autorités réglementaires, la tenue de dossiers et les étapes à suivre lorsqu’une contamination est découverte.

«La politique recommande maintenant d’inclure un programme de surveillance de l’environnement pour toute usine qui produit des aliments prêts-à-manger», précise aussi Santé Canada.

Un accent sera également mis pour mieux informer le personnel des institutions où vivent des personnes vulnérables, par exemple les personnes âgées, sur les risques de listériose d’origine alimentaire et les façons de réduire ces risques.

Il n’a pas été possible jeudi de reparler à Santé Canada sur le contenu de son message écrit.

Selon Julie Jean, professeure en microbiologie à la faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation (FSAA) de l’Université Laval, il est clair que le ministère sera plus sévère envers l’industrie alimentaire, qui devra mieux contrôler les différentes étapes de sa production. Il y aura également davantage d’inspections et d’analyses de la part du ministère.

La politique clarifie également la marche à suivre lorsqu’une contamination est découverte, constate-t-elle.

Objectif zéro

Les aliments prêts-à-manger sont tous ceux ne nécessitant aucune cuisson ou modification avant d’être consommés. On peut y inclure les fromages, mais aussi les sandwichs, les viandes froides, les salades, les mousses ou les tartinades en tout genre, souligne Jacques Goulet, lui aussi microbiologiste à la FSAA.

Alors qu’il peut y avoir une certaine tolérance en nombre pour certaines bactéries, la Listeria ne peut être tolérée dans l’industrie alimentaire, dit-il.

Si un adulte en bonne santé a de bonnes chances de s’en tirer sans trop de mal, ce n’est pas le cas pour certaines personnes plus vulnérables. Ainsi, les femmes enceintes risquent fort d’avoir un enfant mort-né ou alors atteint de graves séquelles au cerveau. Les personnes âgées, dont le système immunitaire est affaibli, et les personnes immunosupprimées (sidéens, cancéreux, etc.) sont aussi à risque.

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