Le homard québécois bientôt identifié

S’il est relativement facile d’identifier un boeuf en lui apposant une étiquette électronique à l’oreille, il en va autrement du homard pêché en pleine mer et manipulé dans un contexte beaucoup plus instable, indique le directeur de l’Association des pêcheurs propriétaires des Îles-de-la-Madeleine, Léonard Poirier.

L’organisme travaille conjointement avec les pêcheurs de la Gaspésie et Agri-Traçabilité Québec pour mettre au point un système simple et peu coûteux d’identification.

Normalement, souligne M. Poirier, le but d’un système de traçabilité est d’assurer la sécurité alimentaire en permettant de retrouver l’origine d’un animal qui présenterait un problème quelconque pour la santé des consommateurs. Dans le cas du homard, il s’agit plutôt de trouver un moyen pour favoriser l’industrie québécoise.

Il fut une époque où environ la moitié du homard écoulé au Québec provenait de l’extérieur, particulièrement des provinces maritimes. Mais depuis quelques années, dit-il, il y a eu un effort pour augmenter cette proportion, qui tourne maintenant autour de 70 %. Le problème, toutefois, c’est qu’il n’y a aucune garantie quant à cette origine, et que certains détaillants peu scrupuleux peuvent abuser de leurs clients.

Au vu des premiers tests, le système qui sera probablement retenu est une étiquette préalablement fixée à l’élastique enserrant les pinces des homards, que les pêcheurs installent déjà sur le bateau. Élastiques qui, soit dit en passant, protègent bien sûr les doigts de ceux qui manipulent les petites bêtes, mais les empêchent surtout de se dévorer entre elles!

Première industrie

Environ 75 % du homard écoulé au Québec vient des Îles-de-la-Madeleine, où se trouvent 325 des 515 entreprises de pêche de ce crustacé de la province. Il s’agit d’ailleurs de la première industrie en importance de la région, avant le tourisme. Un millier de personnes en vivent sur les bateaux, et autant en usine.

Question de coût, il est probable que l’étiquette ne portera qu’un numéro. Pour savoir à quel bateau il réfère, les consommateurs devront consulter eux-mêmes le registre sur Internet.

Quant à la saison à venir, qui débute autour du 20 avril en Gaspésie et au début mai aux Îles, il est trop tôt pour dire si elle sera plus rentable pour les pêcheurs.

Après avoir reçu un prix record de 6,13 $ la livre en 1987, ceux-ci n’ont empoché que 3,80 $ l’année dernière, bien loin des 5 $ nécessaires pour faire leurs frais.

Sans vouloir lancer la pierre à qui que ce soit, M. Poirier souligne que cette industrie est elle aussi à la merci de la concentration des marchés. Les consommateurs, eux, n’ont pas vraiment vu cette baisse des prix à l’épicerie.

Le Soleil, Édition du 15 mars 2011 par Claudette Samson

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